Quoi ? : Dessins, peintures, tapisseries
Où ? : Fondation Vasarely, 1 Avenue Marcel Pagnol, 13090 Aix-en-Provence, France
Quand ? : 14 juin 2025 > 15 février 2026 (TLJ en été puis mercredi au dimanche de 10h30 à 17h30)
Combien ? : 15 € / Réduit 12 €/ - 25 ans 9 € / Gratuit enfant de -5 ans
Des Questions ? : 04 42 20 01 09
Un lien ? : Cliquez-ici

Un Vasarely peut en cacher un autre. Longtemps silhouette discrète derrière l’aura de Victor, Claire, née Klára Spinner, prend enfin la place qu’elle mérite dans lumière. L’exposition "Une vie dans la couleur" déploie ses toiles, ses papiers, ses tissus comme autant de fragments d’une histoire singulière et méconnue.

Une rencontre dans le « Bauhaus hongrois »

Klára Spinner a étudié au Műhely de Budapest, ce « Bauhaus hongrois » où se forgeaient des langages visuels neufs et qui fût le tremplin de nombreuses avant-gardes. C’est là qu’elle y rencontre celui qui deviendra son mari.

Claire explore dès les années 1930 un univers aux frontières mouvantes : peinture, arts décoratifs, dessin de mode, affiches publicitaires, tapisseries

Chaque support devient pour elle un territoire à conquérir, chaque matière une langue à apprivoiser.

On chemine dans l’exposition comme on traverse un carnet intime, où chaque page révèle une métamorphose.

Depuis son portrait réalisé par le peintre Foujita à son arrivée à Paris jusqu’au dernières œuvres parfois à quatre mains avec son mari, on suit le parcours de trente ans de créations.

Trente ans de créations

Les motifs textiles font écho aux dessins délicats, les affiches dialoguent avec les tableaux rares, et les tapisseries, tissées de patience et de rigueur, incarnent la chaleur silencieuse de son art.

Un temps plus connue que son époux, elle met pourtant fin à ses créations en 1958.

« Que ce serait-il passé si elle avait décidé de poursuivre sa carrière » s’interroge Pierre son petit-fils ?

Soutien inconditionnel de son mari qu’elle décharge de toutes les charges administratives elle est aussi une forte inspiration pour son travail. « C’est elle qui suggère à Viktor à passer à la couleur, qui l’encourage à faire des tapisseries » poursuit-il.

Des trésors inédits

Organisée en partenariat avec l’institut Liszt Paris  et le Musée Vasarely de Pécs, la rétrospective s’appuie sur des archives inédites, retrouvées comme des trésors, et sur une sélection d’œuvres jamais montrées en France.

Trente années de création s’y dévoilent dans un fil chronologique qui met en lumière la trajectoire d’une artiste indépendante, libre et visionnaire.

De l’ombre à la lumière

Au-delà des formes et des couleurs, c’est aussi une revanche douce que raconte cette exposition : celle d’une femme de l’avant-garde hongroise, figure de la création féminine du XXᵉ siècle, longtemps restée dans l’ombre et qui, enfin, se tient au centre du cadre.

« Les grands noms d’artistes masculins cachent souvent celui d’une femme brillante. Aujourd’hui la Fondation Vasarely, en collaboration avec l’institut Liszt Paris met à l’honneur l’une d’entre elle. C’est elle qui portera le nom de Vasarely. Vasarely sera féminin » déclare Adrienne Éva Burányi sa directrice

Claire Vasarely nous invite à franchir le seuil de son univers. On en ressort avec l’impression d’avoir rencontré non pas « l’épouse de », mais une voix pleine et entière, dont les nuances et les éclats résonnent longtemps après la visite.

« Dans cette expo, Claire représente toutes ces femmes artistes qui ont vécu dans l’ombre de leurs maris, amants ou partenaires (…) Ces femmes qui ont été contrainte à arrêter leur création personnelle pour laisser briller des hommes » conclut Adrienne Éva Burányi.

Le Petit Plus : Un beau catalogue de l’exposition est disponible sur place.

Par Eric Foucher