Au Château La Coste, l’été se regarde dans les yeux de Jean Pigozzi. Avec plus de 60 ans de clichés introspectifs, le photographe et jet-setteur franco-italien dévoile une facette intime et décalée de lui-même dans une exposition éphémère dans la Galerie des Anciens Chais.
Jean Pigozzi, autoportrait d’un homme hors cadre
Jean “Johnny” Pigozzi, né à Paris en 1953, est un personnage aussi excentrique que passionné : photographe instinctif, collectionneur visionnaire, jet-setter assumé.
Héritier de l’empire Simca, diplômé de Harvard, il a transformé sa vie cosmopolite entre Antibes, New York ou son île privée au Panama en terrain d’observation de la pop culture.
Précurseur du selfie et ami des stars, il capture depuis les années 70 son quotidien avec humour et autodérision.
Il est aussi à l’origine de la plus grande collection d’art contemporain africain au monde.
Un œil libre
Jean Pigozzi n’est pas un photographe comme les autres. Collectionneur, entrepreneur, passionné d’art africain, il a traversé les milieux les plus cosmopolites du XXe siècle en documentant sans relâche… sa propre existence. Depuis les années 60, son appareil est son confident, et son sujet principal : lui-même.
Sans filtres, souvent avec humour, toujours avec une sincérité désarmante, Pigozzi détourne les codes de l’autoportrait. Il y capte les états d’âme, les situations absurdes, les années qui passent.
Il anticipe même, bien avant l’heure, l’obsession contemporaine de l’image de soi si bien qu’on pourrait en faire aussi l’un des père du selfie. Mais ici, pas de narcissisme : seulement un regard aiguisé sur l’identité et le temps qui fil.
Autoportrait n’est pas un album de vanité, mais plutôt une plongée lucide, drôle et touchante dans le miroir d’un homme qui a toujours préféré l’instant à la pose.
Une première : ses planches-contact révélées
L’exposition Autoportrait, présentée dans la Galerie des Anciens Chais, révèle pour la toute première fois les planches-contact originales du photographe.
Brutes, imparfaites, elles nous plongent dans l’acte même de photographier : choix du cadre, hésitations, gestes spontanés.
C’est là que réside l’intérêt de cette sélection : dans cette honnêteté de la démarche, qui refuse l’image léchée pour mieux capter l’essence d’un moment.
Chaque cliché devient un morceau de vie, un trait d’humour, une respiration visuelle.
Par Eric Foucher / Photos Jean-Pigozzi