Après Bruxelles, Vienne et Lucerne, le musée Granet présente la dernière étape de l’exposition-rétrospective David Hockney. Collection de la Tate. Retraçant l’évolution de l’œuvre de l’artiste britannique à la vitalité colorée et joyeuse, elle nous emmène à la croisée du Pop Art et de l’hyperréalisme.
Âgé aujourd’hui de 85 ans, David Hockney est un des artistes les plus populaires et chers du monde. Peintre de la couleur et de la joie de vivre, il puise son inspiration chez les maîtres anciens et modernes, revisite la perspective, réinvente le cubisme ou le réalisme et utilise tous les outils techniques de production.
En 9 sections retraçant sa carrière du milieu des années 1950 à aujourd’hui, les œuvres présentées dans cette exposition proviennent principalement de la collection de la Tate Gallery au Royaume-Uni mais aussi de collections particulières.
Sur 700 m2 d’accrochage, le parcours est établi de manière chronologique et rend compte de la production d’Hockney dans les domaines de la peinture, de la gravure, du dessin et plus récemment de la photo et du numérique.
Influencé par différents courants, Hockney a mélangé dans ses premières œuvres graffitis, messages cryptés, formes phalliques et écriture libre. La section Un mariage de styles montre son engouement pour l’art ancien et contemporain, les paysages, la figure humaine et commence à mettre en avant son homosexualité.
Après avoir quitté l’Angleterre en 1964, sa peinture reflètera le soleil de la Californie et son mode de vie hédoniste. Los Angeles dévoile le monde sexy et cool qu’il découvre, les corps athlétiques et libérés, les grands espaces libres et abandonnant la peinture à l’huile et le pinceau pour le rouleau et l’acrylique, il va se passionner pour l’eau des piscines, la lumière et la transparence.
« Picasso pouvait maîtriser tous les styles. La leçon que j’en tire est que l’on doit les utiliser tous. »
Vers le naturalisme permet de comprendre la fascination de l’artiste pour la nature humaine. Ses œuvres offrent une représentation de plus en plus réaliste des figures et des lieux en nous invitant à pénétrer dans les sphères privées de ses modèles. Avec la série des doubles portraits, l’illusion d’espace et de profondeur est de plus en grande puis peu à peu, le sujet essentiel devient la relation psychologique qui unit les personnages.
En 1961, Hockney commence à produire des gravures. Dans la section La carrière d’un libertin, il nous livre l’histoire d’un jeune homme gay à New York, ses expériences, ses impressions sur la ville et ses sorties.
Obsédé par la perspective et un nouveau type d’espace, il produit tout au long des années 80 un corpus d’œuvres explorant l’espace en plusieurs dimensions. Point focal changeant témoigne de sa créativité et sa fascination pour les expériences techniques en intégrant par exemple la perspective inversée dans des paysages.
Photographie, fax, photocopieur, imprimantes, iPad … Hockney n’a jamais cessé de se réinventer. « Picasso travaillait tous les jours. Matisse travaillait tous les jours. C’est ce que font les artistes jusqu’à ce qu’ils cassent leur pipe ».
Les œuvres regroupées dans Expériences spatiales, Dans l’atelier et dans Paysages révèlent sa volonté de représenter les choses autrement. Il revisite par exemple le sujet des personnages isolés ou en groupe avec In the Studio, December 2017 qui est un autoportrait entouré d’œuvres anciennes ou récentes et composé de 3000 photos numériques assemblées en un dessin photographique. S’intéressant de plus en plus à la nature, ses dessins numériques représentent le printemps, des bouquets de fleurs, des levers de soleil.
La dernière section Les Maîtres du Sud prouve encore la profonde admiration de l’artiste britannique pour ses prédécesseurs et l’influence qu’ils ont eue sur lui. Elle met à l’honneur Picasso, Van Gogh ou encore Cézanne dans une explosion de couleurs qui entretient le dialogue avec ses aînés.
Petit plus : Des visites nocturnes sont programmées les 30 mars et 5 mai 2023 de 19 h à minuit.
Par Anne Emellina