Mondialement connu pour son IKB (International Klein Blu), l’artiste niçois a bénéficié de nombreuses expositions mais l’Hôtel de Caumont a choisi une présentation inédite. Yves Klein, intime explore les liens entre son vécu et sa création. Pour tout savoir sur le maître du bleu !
L’Hôtel de Caumont/ Centre d’art, hôtel particulier datant du XVIIIe siècle présente, en collaboration avec les archives Yves Klein, l’exposition d’une soixantaine d’œuvres pour entrer dans l’intimité de l’artiste.
Très didactique, le parcours établi permet au public de comprendre comment sa carrière et sa production sont étroitement mêlées à son histoire personnelle, ses liens familiaux, la complicité avec ses amis, modèles et galeristes.
Yves Klein est un pionnier qui privilégia les sensations et non les formes en dépassant la figuration et l’abstraction. Son œuvre qui a investi les objets, l’espace et le monde qui l’entouraient préfigure les tendances les plus novatrices de l‘art contemporain.
Disparu à 34 ans, Klein élabora une œuvre prolifique et variée en seulement huit ans qui donna le ton dès la fin des années 50 aux futures orientations artistiques telles que la performance, le happening, l’art conceptuel ou le body-art.
Son premier monochrome est orange (1955) et bien qu’il ait été refusé au Salon des Réalités Nouvelles, il persista, obsédé par la pureté et la couleur, convaincu que la beauté existe dans l’invisible.
C’est une expérience contemplative qu’il voulut offrir au public et il décida que le bleu était la teinte la plus transcendante pour atteindre l’espace et le spectateur.
Un médium fixatif avec une résine synthétique permet en séchant de laisser apparaître le pigment pur du bleu (breveté en 1960) propice selon l’artiste au passage du matériel à l’immatériel
Apres « lecture » des Monochromes, on est ensuite dirigé vers les Sculptures Eponges qui sont pour Klein comme la métaphore du visiteur « totalement imprégné en sensibilité après avoir voyagé dans le bleu de ses tableaux ».
Ces éponges sont imprégnées de bleu mais aussi de rose et d’or car son œuvre est pénétrée de spiritualité mais aussi de religiosité. Cette trilogie évoque la symbolique chrétienne de la Trinité : bleu pour le ciel, rose pour la chair et or pour le passage vers l’absolu. Et parmi ses tableaux, on peut admirer le Monochrome bleu sans titre mais également le Monochrome rose sans titre et le Monogold sans titre présentés accolés.
Pour fixer sur la toile des « états-moments de la chair », Klein a eu l’idée des pinceaux humains, modèles nus qui, le corps enduit de peinture bleue, apposent leur empreinte sur le support.
Grâce à un film de 1960, le public peut revivre ces Anthropométries (terme signifiant la mesure de l’être humain apparaissant dans l’œuvre), assister à ces créations performatives et admirer les tableaux de cette série dont Helena, amie du peintre et d’Arman.
Œuvres moins connues, archives inédites, objets de fonds d’atelier et projets collaboratifs avec ses amis du Nouveau Réalisme jalonnent cette exposition où Yves l’intime se dévoile.
Dans les emblématiques Peintures de Feu où la flamme remplace le pinceau l’artiste rend visible la chair invisible du feu. Comme celle des corps, ces traces sont une captation de l’insaisissable.
Arman, Jean Tinguely ou encore le critique d’art Pierre Restany ont accompagné Yves Klein dans son parcours artistique. Leur amitié et le principe que « l’immortalité se conquiert en commun » ont engendré les Portraits Reliefs, moulages des corps de ses amis niçois comme celui du poète Claude Pascal ou ce long drap de 14 mètres de long, cadavre exquis où Klein, Arman, Pascal et Restany ont peint successivement un morceau sans connaître la création de chacun.
Le Petit Plus : Des visites commentées ont lieu les mercredis, vendredis, samedis et dimanches à 16.00
Par Anne Emellina (photos Succession Yves Klein c/o ADAGP, Paris, 2022)