Le photographe Bernard Plossu a eu l'idée de croiser son regard photographique sur l'Italie avec celui du peintre aixois François-Marius Granet en découvrant ses petits paysages dans la salle qui lui est consacrée au musée. Cette exposition est l’histoire de cette rencontre à travers les âges...
Bernard Plossu est un photographe connu pour ses reportages de de voyages (Inde, Etats-Unis, Mexique, Niger, Portugal, Andalousie et Italie). Son œuvre avait déjà fait l’objet d’une exposition au musée Granet il y a dix ans sous le titre « Plossu – La Montagne blanche ». Admirateur du photographe Henri Cartier-Bresson, il est très connu pour ses clichés noir et blanc de façon quasi exclusive dès 1965.
Pour ses rares photos en couleurs, il recourt à une technique très spécifique : le tirage Fresson. Un tirage mat au charbon qui offre un rendu granuleux, doux et presque poudré, doit son nom à la famille Fresson, qui l’a inventé et se transmet la recette tenue secrète depuis quatre générations. L’image est exposée 4 fois 40 minutes pour imprimer successivement le bleu, le jaune, le rouge et le noir. Le résultat, capricieux, offre un rendu différent selon les conditions météo et la patte du tireur. Chaque image, qui demande trois semaines de travail, est ainsi une pièce unique.
« Je pense que s’il n’y avait pas de Fresson, je ne ferais pas de couleur […]. Ca permet de faire de la couleur qui est comme le noir et blanc. […]Fresson est un maître. » (Bernard Plossu)
Bernard Plossu, parcourt l’Italie de long en large depuis le début des années 70. Il est fasciné par ce pays, son atmosphère, ses villes… Une centaine de photographies la plupart inédites, couvrant la période de la fin des années 70 à 2017 sont exposées en regard d’une soixantaine de lavis, aquarelles, différentes vues de la ville de Rome et de ses alentours réalisées par le peintre emblématique de la ville d’Aix, François-Marius Granet (1775-1849) dans la première moitié du XIXe siècle.
« Le Panthéon était éclairé par la lune, mais ses belles teintes argentines ne produisaient pas un très grand effet. La lumière fixée sur ces corps polis, auxquels la main de l’homme n’avait rien ôté de sa dureté était d’une beauté admirable. » François-Marius Granet.
Elles ont été choisies par le photographe parmi les 1200 dessins du fonds du Musée. Les deux artistes partagent les mêmes sujets de prédilection, ce même intérêt pour la Ville éternelle et l’Italie, pour ses ruelles chargées d’histoire, de culture, de mémoire, ces paysages suspendus dans le temps, urbains ou naturels, empreints de solitude.
Le traitement de la lumière, des ombres à travers des lavis en clair-obscur pour le peintre et par la photographie argentique pour le photographe, les cadrages, les motifs, tout évoque la force de ce thème classique qui devient un archétype à travers les siècles ;
Le Petit Plus : Vos pouvez compléte votre visite par l’exposition Via Roma (11 juin-2 octobre 2022) dans le même musée qui présente les artistes allemands, peintres et photographes, qui ont fait le voyage en Italie dans le courant du XIXe siècle.
Sources / Musée Granet