L’Hôtel de Caumont rend hommage au peintre français Raoul Dufy (1877 – 1953) avec une exposition sous-titrée « l’ivresse de la couleur ». Elle souligne ses multiples inspirations, de Cézanne à Matisse, mais aussi la variété de techniques et de styles, de l’impressionnisme au fauvisme, qui a accompagné l’artiste tout au long de sa carrière.
Les paysages maritimes n’ont eu de cesse d’inspirer l’artiste originaire du Havre. Entre la Normandie et la Provence, la couleur a toujours été le maître mot de sa peinture.
D’abord le bleu, symbole de ses origines, en référence au port de Honfleur, aux stations balnéaires de la côte normande. Puis l’ocre, le vert et le rouge pour marquer sa rencontre avec George Braque, son culte pour Cézanne et sa découverte des villages méditerranéens.
« Il y a le réel. Il y a ce que l’on voit, ça n’est pas la même chose. Ce qui m’appartient ce n’est pas cela. Mais ma propre vision du réel »
Formé à l’école des Beaux-Arts du Havre, Dufy construit sa propre vision du monde en devenant un artiste aux multiples styles. Il s’essaye au mouvement impressionniste influencé par Monet et Boudin. Puis fasciné par les œuvres de Matisse, il s’intéresse au fauvisme. C’est le choc des couleurs et des contrastes, sa personnalité artistique se dessine.
Mais le vrai tournant de sa carrière demeure son voyage dans le sud de la France, en 1908, aux côtés de George Braque. Dufy expérimente une autre manière de peindre.
« Paysages de Provence » dit « Paysage de Vence » représente un village typiquement provençal. Les formes apparaissent plus simples, les plans et les volumes sont géométrisés. Une approche totalement cézannienne apparaît sous son pinceau.
« Le jardin abandonné », une de ses œuvres majeures, montre un rapport à la réalité moins contraignant. Les objets deviennent des éléments décoratifs disproportionnés. Le tronc d’arbre vert positionné à droite devient un repère pour l’ensemble de la composition. Il utilise le procédé de « l’arbre colonne » emprunté à Cézanne.
« Nous avons l’arbre. Le banc. La maison. Mais ce qui m’intéresse. C’est ce qu’il y a autour de ces objets. Comment faire tenir ensemble tout cela ? »
Rare sont les artistes à s’être autant mis en danger en expérimentant tant de techniques : peinture à l’huile, à l’aquarelle, dessin, gravure, céramique, livres illustrés. La représentation de la baigneuse en est le parfait exemple. Elle apparaît dans six techniques artistiques différentes, y compris sur des tapisseries.
Son œuvre en faïence « La Coupe bleue », témoigne d’une fascination pour la mythologie grecque. La baigneuse évoquant les naïades et autres déesses de l’Antiquité gréco-romaine.
La virtuosité de Raul Dufy tient en sa capacité à s’inspirer des autres pour créer son propre style et s’éloigner des codes. En véritable touche à tout, il ne manquera pas de vous éblouir par son talent et sa singularité.
Le Petit Plus : Clou du spectacle « La Fée électricité », une expérience immersive dans la dernière salle d’exposition. Elle représente une œuvre monumentale de 600 m2 créée par Dufy dans le cadre de l’Exposition Internationale des Arts et Techniques.
Par Nadège Ndriamalaza / Photos Nadège Ndriamalaza & Hôtel de Caumont