Entrepreneur passionnant et passionné, Charles van Valkenburg est à la tête d'Apis Cera, une fabrique artisanale de bougies et savons entièrement naturels grâce au travail de nos chères abeilles. Du bizz avec le bzzz, ça mérite un peu de buzz !
Il y a huit ans, il était web designer dans une agence parisienne et achetait son premier kilo de cire d’abeilles sur internet pour s’amuser à faire des bougies. Il en commande aujourd’hui par centaines et vend celles-ci ainsi que des savons et baumes dans le monde entier sous la jolie marque Apis Cera (« cire d’abeille” en latin). Désormais installé en Provence, Charles van Valkenburg continue de fabriquer ses produits artisanalement dans un petit atelier de la zone des Milles et de les envoyer dans des coffrets d’une rare élégance à des clients amoureux de la chaleur et des odeurs qu’exhalent ses produits rares. Perfectionniste et passionné (son site internet est une mine d’or pour qui veut comprendre le processus de création), le créateur n’a produit que sept articles en sept ans. Mais l’air et la lumière de la région semble l’avoir inspiré puisque trois nouveautés devraient voir le jour cette année. Nous avons voulu en savoir plus sur celui qui vous vend la mèche.
Qu’est-ce qui vous fascine tant chez les abeilles ?
Le travail des abeilles est fort similaire à celui des fourmis. Il s’agit d’une intelligence collective, ce qui est très rare. Une abeille seule réalise « peu » mais en groupe, elle accomplit des choses formidables. Tous les produits de la ruche sont « magiques » : la cire d’abeille, la propolis, la gelée royale, le miel et leur venin. Essayez de dessiner un nid d’abeille à main levée, c’est impossible. Pourtant les abeilles le font, en trois dimensions, et à plusieurs milliers en même temps. C’est fou ! On apprend tous les jours en observant leur travail fascinant, mais aussi en observant leur relation avec la Nature toujours en mouvement. Je regardais hier le balai incessant des abeilles butinant les fleurs fraîches des amandiers déjà en fleur ici en Provence. Ce balai est magnifique mais aussi vital pour l’amandier puisqu’il n’est pas auto-fertile et a besoin de cette pollinisation croisée. Merci qui ? Merci les abeilles.
Si vous deviez donner trois bonnes raisons d’opter pour une vraie bougie en cire d’abeille ?
La première raison c’est qu’il faut absolument arrêter de brûler des bougies en paraffine (qui sont du pétrole) dans sa maison. Ça pollue à la conception et ça pollue votre intérieur. On parle souvent de soja ces derniers temps, sauf que le soja à 75% est traité en OGM et surtout la cire de soja n’existe pas dans la nature. Il faut la fabriquer et pour la faire voici les étapes: séparation de l’huile des graines de soja, blanchie, chauffée, distillée, désodorisée dans l’acide, hydrogénée. Ça en fait des étapes pour une cire dite « propre » … J’aime les solutions simples et naturelles : la cire d’abeille existe dans la nature tel que je l’utilise. Après que l’apiculteur a récupéré le miel des rayons, la cire est fondue et j’en fait directement des bougies ou du savon. C’est vraiment aussi simple que cela.
Paris, Bruxelles puis la Provence ? Pourquoi ce choix ?
J’ai vécu 20 ans à Paris et c’est là où j’ai eu mes premiers jobs (en tant que webdesigner). J’ai adoré chaque jour dans cette ville lumière, mais j’avais envie d’ailleurs, et comme je suis moitié hollandais, et que mes parents vivent en Hollande, je me suis dit qu’être à Bruxelles entre mes deux pays serait une bonne idée. J’y suis resté 5 ans et j’ai adoré également. Les Pays-Bas, Bruxelles et Paris, c’est super, mais chaque vacance que je passais en Provence me donnait envie d’y rester plus longtemps, c’est alors que j’ai simplement décidé de quitter la capitale Européenne pour m’installer sous le soleil de Provence. Cette fois-ci je travaille à temps plein sur ma marque et je m’inspire chaque jour de la nature qui m’entoure (c’est un peu plus inspirant que sous le ciel gris des capitales du Nord).
Comment s’organise votre journée en Provence ?
Le matin je prépare les commandes web de la nuit, ensuite je prépare du stock (bougies, savons, emballage etc.). A l’heure du déjeuner, je fais mes e-mails et coups de téléphone. L’après-midi, la Poste passe chercher les colis (pratique !).
Passez-vous beaucoup de temps à la mise en valeur de vos produits ?
Je passe au moins une heure à faire une photo pour mon compte Instagram, une fois qu’elle est terminée, je continue à faire du stock dans mon mini-atelier. De temps en temps, je filme en story pendant que je travaille.
Avez-vous du temps pour penser à de nouveaux produits ?
Si j’ai déjà un bon stock d’avance alors je travaille sur mes futurs produits : cette année au moins trois nouvelles bougies devraient voir le jour – c’est très long de tout faire soi-même surtout quand on vise la perfection. Ça n’est pas par un culte du sans-faute, j’essaye simplement de rendre justice à la Nature
Avec le e-commerce, le commerce est maintenant globalisé ? Où vendez-vous le plus ?
Top 3 des pays : France, USA, UK. Top 3 des villes : Paris, New York, Bruxelles
Quel est le plus beau retour client que vous ayez reçu ?
J’en ai eu beaucoup, mais le dernier sur mon site m’a particulièrement marqué : «Des bougies magnifiques faites avec cœur. Un travail magnifique avec des valeurs d’un petit entrepreneur qui redonne foi en l’avenir… » J’ai la chance de recevoir chaque jour des retours positifs, c’est vraiment hyper motivant !
Question un peu plus « touchy » qu’on vous pose sans doute parfois ? Comment associer éco-responsabilité et commerce globalisé ?
Il n’y a pas de sujets tabous. J’aime dire que je suis le seul intermédiaire entre la ruche et le client. Je ne pense pas que le commerce global empêche d’être éco responsable. Quand on choisi d’acheter des produits d’un petit fabriquant comme moi, on sait pourquoi on paye ce prix et où est-ce qu’il va. On sait aussi où il ne va pas : réseau de distribution, publicité, influenceurs, etc. C’est ça aussi l’éco-responsabilité, c’est de payer le prix juste à la bonne personne. En achetant mes produits, vous aidez aussi les apiculteurs à qui j’achète le miel et la cire d’abeille. C’est une boucle d’entraide vertueuse.
Propos recueillis par Eric Foucher
