Chez les Lesca, l’amour des lunettes est une passion contagieuse qui se transmet de père en fils. A l’origine de la naissance de la marque, Joël, le père a créé sa première collection en 1964. Depuis une dizaine d’années, son fils Mathieu, s’attache à développer la marque. Installé à Paris, il a fait le choix de redescendre il y a quelques mois dans son sud natal et d’implanter le siège et le showroom de la société à Aix.
Mathieu Lesca a grandi au milieu des lunettes, dans les ateliers de montage, où son père lui a transmis son savoir-faire. Après des études de droit à Aix, il monte à Paris pour faire connaître et développer la marque familiale. Comprenant vite l’importance de l’ADN et de l’image de la marque, Mathieu fait souffler un vent de modernité, tout en respectant un modèle de développement artisanal cher à son père. Les lunettes LESCA sont en effet rivetées et façonnées en respectant un cahier des charges strict, qui s’inspire des techniques de fabrication à la main. Niveau style, Mathieu s’inscrit dans la continuité paternelle, et conserve l’inspiration glamour des années 1950-1960. Les lunettes LESCA se caractérisent par leur monture épaisse en acétate de cellulose, leurs lignes pures tout en sobriété.
Peux-tu nous raconter l’histoire de Lesca lunetier ?
Mon père a été un pionnier des lunettes vintage. Il a commencé en rachetant du stock et le revendant à des opticiens un peu pointus. Il a constitué un des plus gros stocks de lunettes vintage en France. Le premier marché a été le marché japonais car ce sont des gros connaisseurs en matière de mode vintage. C’est ce qui nous a fait connaître. En parallèle il a monté sa propre marque il y a une quarantaine d’années en créant une première collection inspirée de réédition de produits vintage et de modèles de sur-mesure porté par Onassis, Mastroianni, Yves Saint-Laurent… Mon père a bâti son propre style petit à petit, par amour des lunettes vintage, avec un vrai ADN des années 1950-60. J’ai appris avec lui à respecter ce style là et j’ai repris le flambeau il y a 13 ans.
J’ai commencé fleur au fusil en allant taper aux portes des opticiens pointus à Paris. Je me pointais avec ma valise, pied dans la porte, et les opticiens hallucinaient un peu en se demandant qui on était, avec des produits qu’ils trouvaient top, mais pas de notoriété, pas d’étuis, pas de site internet… rien de tout ce qu’on a construit aujourd’hui.
J’ai vite compris qu’il fallait bâtir une véritable image de marque. Je l’ai fait par étapes, parce que forcément mon père n’était pas hyper emballé… pour la petite histoire, la phrase qu’il m’a sortie et qui me reste toujours en tête c’est « tu ne vendras pas plus de lunettes parce que t’as un site internet ! » J’ai donc vraiment construit la marque peu à peu, avec les étuis, les catalogues, les réseaux sociaux… Ma vision est complémentaire à celle de mon père : trouver le juste milieu entre rester une petite marque indépendante et se développer. On est vraiment en marge, une marque de niche pour les aficionados.
Qu’est-ce qui vous différencie d’autres marques de lunettes ?
Aujourd’hui notre volonté c’est de resserrer notre collection et de rester fidèle au style LESCA qui plaît à nos clients. Je préfère travailler sur 30 produits de base et me renouveler sans perdre notre ADN, à travers des nouveaux verres, des verres colorés, des verres d’été, des verres d’hiver… Pour moi c’est un axe de développement incontournable : faire de la personnalisation plutôt que d’inventer sans cesse de nouveaux modèles.
Grâce à mon père qui s’éclate à faire des produits d’atelier avec des chutes de plaque d’acétate, on fait aussi de l’Upcycling qui consiste à utiliser des vieilles matières pour faire des produits d’aujourd’hui. Tout le business de la mode et de la haute couture se lance là-dedans aujourd’hui. Ça m’a permis d’aller voir les bonnes usines du Jura et de valoriser leur travail en vendant des séries limitées et des modèles uniques. On est sur des produits premium de qualité. C’est assez rare aujourd’hui avec les modes de production modernes. On est à la frontière entre l’artisanat et des quantités vendues dans le monde entier.
Quelles sont les sources d’inspiration pour vos collections ?
Toutes les lunettes rétro qu’on a pu chiner depuis 40 ans. Ce qui nous inspire et qu’on essaye de mettre en valeur via notre identité visuelle et notre communication, c’est les années 1950-60 et l’architecture et le design de ces années-là. Des lignes pures, très simples, de la sobriété. Très peu de matières, on ne va pas assembler 3 ou 4 couleurs sur des lunettes, pas trop de chichis, de la simplicité.
Si tu devais me dresser le portrait de votre client type ?
Le Citadin stylé qui aime les belles choses un peu pointues. Les gens qui ont une sensibilité à la mode et aux accessoires, à la fois sur le produit et sur l’histoire de la marque. Aujourd’hui les jeunes s’intéressent de plus en plus aux produits et à leur origine. Ils sont aussi plus sur le côté qualitatif.
Où peut-on trouver vos modèles ?
Pour Aix, on peut nous trouver chez Connivence au 1 rue Granet et chez Optique 27, au 27 rue d’Italie.
On a aussi un e-shop dispo ici.
Quels sont tes futurs projets ?
Finir l’aménagement de notre siège et de notre showroom à Aix qui a dejà bien avancé et continuer à nous développer !
Pourquoi avoir fait le choix de revenir à Aix ?
Pour le soleil bien sûr 😉 Etant aixois, j’avais envie d’un retour aux sources.
Après avoir passé plus de 10 ans à Paris, je ne savais pas trop à quoi m’attendre et je suis agréablement surpris par le dynamisme de notre région. Il y a de nouveaux concepts qui essaiment un peu partout, c’est vraiment cool parce qu’on est dans une région magnifique qui se développe, et en plus on n’est pas enclavés donc ce n’est pas difficile de convaincre nos clients pro de venir jusqu’à nous.
Et pour finir, quels sont tes meilleurs spots à Aix ?
Ze Kitchen pour manger les meilleurs burgers d’Aix en Provence, Le vieux tonneau pour aller boire un coup et la Boulangerie Noé pour ses superbes galettes des rois !
Propos recueillis par Chloé Jacquety