Avec "la Galerie", Richard Rogers signe un dernier geste fort sur le domaine du Château La Coste. En équilibre au-dessus des vignes, son pavillon résume ses postulats architecturaux à tous points de vue.
En entrant sur le domaine du Château La Coste, on aperçoit un petit cube orange vif, corail devrait-on même dire, au loin sur les hauteurs au milieu des arbres. Il s’agit de « la Galerie » aboutissement d’un projet initié en 2011 quand le célèbre architecte Richard Rogers (ndlr : le père du Centre Beaubourg), fut invité à imaginer une œuvre in situ. Elle rejoint les 36 autres fameux pavillons et œuvres existantes (citons Renzo Piano, Alexander Calder, Louise Bourgeois, Kengo Kuma, Tadao Ando, Jean Nouvel pour les plus célèbres) composant le parcours d’Art & d’Architecture.
Lauréat du Prix Pritzker et fondateur du studio Rogers Stirk Harbour + Partners en 1977 à Londres, ce parallélépipède minimaliste comme suspendu dans le vide est la dernière œuvre qu’il signe avant de prendre sa retraite.
A y regarder de plus près, ce mécano géant d’apparence simple est véritablement spectaculaire avec son porte-à-faux qui projette la constriction dans le vide sur 18 mètres. Une cage tout autour de la forme en acier satiné prend en charge les forces horizontales et de rotation. Quatre groupes de câbles en acier galvanisé à l’arrière de la structure sont ancrés dans la terre et fournissent le contrepoids au poids de la plate-forme en saillie dans l’espace.
Au fond de la galerie immaculée, une baie vitrée intégrale sert de cadre à la nature environnante et aux vignes du Château La Coste. Au-dessus d’une ancienne voie romaine et tournée vers les anciennes ruines de la Quille et le Parc National du Luberon que l’on aperçoit au loin le spectacle est total.
Avec son emprise minimum au sol et sa suspension dans le vide, l’espace-galerie de 120m2 a été pensé pour avoir le moins d’impact sur l’environnement et épouser le paysage (un petit bois en dévers). Le visiteur curieux ne manquera pas de constater enfin que la galerie a été soigneusement alignée avec les rangées de vignes en son arrière.
S’il ne s’agit pas de comparer les installations, toutes différentes des mmenses artistes invités, cette œuvre planante semble néanmoins promise à être le tube de l’été sur un domaine qui a fait de l’architecture son cheval de bataille, pour le plus grand bonheur des amoureux d’art au grand air.
Par Eric Foucher
Photos Stéphane Aboudrame / We are Content(s) & James Reeve
Château La Coste / 2750 Route De, 13610 Le Puy-Sainte-Réparade