Avec sa nouvelle salle de musiques actuelles, le Pays d’Aix s’offre enfin une salle de concert digne de ce nom. Sa programmation exigeante et son architecture originale entendent bien secouer le territoire.
A deux pas de la Fondation Vasarely, un gros rocher est sorti de terre. Premier aménagement réalisé dans le cadre du développement de ce nouveau quartier labellisé French Tech, au Nord-Ouest d’Aix-en-Provence, 6MIC a le mérite de ne pas jouer sur le registre du consensus mou (dans la forme comme dans le fond) comme on le voit trop souvent pour ce genre d’équipement.
Il faut dire que le contraire eut été surprenant quand on sait que c’est à l’architecte Rudy Riccioti (associé au cabinet Battesti) qu’est revenue la tâche de dessiner cette salle tant attendue à Aix.
Comme pour tous ses autres ouvrages culturels (depuis le stadium de Vitrolles qui va enfin rouvrir, au Mucem en passe de devenir iconique, en passant par la Cour Visconti du Louvre) il sera loin de faire l’unanimité.
Mais ce voile de béton (au-delà de la prouesse architecturale) demeure un geste fort et bienvenu pour un édifice qui a besoin de transcender les foules au-delà de la seule programmation. Une minéralité fantasmée qui fait écho au Massif de la Sainte Victoire au loin et qui résonne si bien de la rudesse de ce décor avec les ondes rugueuses de son dessin.
Pour autant 6MIC n’est pas qu’une réalisation virtuose d’un talentueux architecte. Elle est l’écrin d’une nouvelle conception de salles ultra-fonctionnelles et modulables pour accueillir différents formats de spectacles. Avec deux espaces de 2000 et 800 places, elle n’est rien moins que la plus grande salle de musiques actuelles de France ! Dans la modularité du lieu, les extérieurs aussi ont été traités avec soin, climat méditerranéen oblige. Dans le patio central même le booth du Dj a trouvé sa place en dur.
Quatre studios de répétitions, un studio de pré-production, et un bureau de production, permettent aussi d’ accompagner les artistes et les structures locales dans la production de concerts, de tournées ou d’édition phonographique.
Chaque saison sera mis en place des programmes d’artistes associés (ndrl ; cette année, c’est l’artiste Kevin Rodriguez, alias Worakls qui mélange musique électronique et classique qui en fera son lieu de travail), accompagnés, de groupes repérés et même de résidences. Autant de soutiens pour faire de cet équipement un lieu de production et de création artistique de référence internationale.
C’est en tout cas le souhait d’IRIS, la structure qui gère cet équipement qui va au-delà de la simple salle de concert. C’est aussi un lieu d’accompagnement et de formation qui entend favoriser la diversité des esthétiques et faire émerger des talents locaux.
La programmation déjà annoncée pour les prochains mois en est la meilleure illustration qui fait se croiser tous les genres musicaux (soul, jazz, hip-hop, pop, électro, etc), formats (concert, club, cine-concert) et va permettre d’accueillir enfin des pointures internationales qui ne pouvaient passer par ici, faute d’une jauge suffisante.
Par Eric Foucher ( photos Vincent Agnés)