Depuis 2012, les Carrières de Lumières plongent les visiteurs dans des réalisations artistiques immersives fascinantes. Grandioses surfaces de projection sur la roche, technologie dernier cri et musique mettent en avant chaque année les grands noms de l'histoire de l'art dans un spectacle inédit : the show must go on pour la double expo Dali et Gaudi!
Imaginez d’immenses galeries creusées dans la pierre, des parois de 14 mètres de haut, 7000 m² de surface et d’immenses piliers de calcaire dans la pénombre. Et soudain, le spectacle commence : les différents salles s’obscurcissent, le son de la musique monte peu à peu et tout se recouvre d’images pour mettre à l’honneur l’art espagnol pour cette nouvelle saison. « Cathédrale d’images » est d’ailleurs le premier nom donné au lieu par Albert Plécy, rédacteur en chef au Parisien libéré qui eut l’idée en 1975 de ces projections d’images géantes dans ces carrières pour produire un festival annuel. Elles sont situées dans le Val d’Enfer, vallon naturel creusé dans la roche par l’érosion hydraulique en contrebas du village des Baux.
Le paysage est envoûtant, monde minéral aux falaises percées de grottes… Il eut un coup de foudre pour le lieu et imagina des spectacles visuels dans les cavités appelées Grands Fonds créées par l’exploitation de calcaire par les hommes depuis l’antiquité. En 2011, Culturespaces reprend la gestion du site qui se nomme alors Carrières de Lumières et y a développé un concept novateur (Amiex pour Art & Music Immersive Experience) au cœur de la montagne. Avant chaque exposition, des milliers d’images sont numérisées en très haute résolution et mises en mouvement au rythme de la musique selon un scénario. Des centaines de projecteurs et un logiciel de multi-diffusion permet une projection sur les sols, les murs, les plafonds des carrières et une bande-son mélange les genres et les époques de Nina Simone à Puccini, de Vivaldi à Miles Davis pour présenter Cézanne, Van Gogh, Picasso, Monet, Renoir ou Klimt.
Les deux expositions Dali « L’énigme sans fin » et Gaudi « Architecte de l’imaginaire » sont projetées l’une après l’autre pour un spectacle de 50 mn. Les visiteurs peuvent déambuler, s’asseoir, dans un éblouissement de couleurs sur chaque cm² de roche. Le premier voyage se fait à travers 60 ans de création avec des œuvres de Salvador Dali sélectionnées parmi les plus grands musées comme sa fondation à Figueras ou le MoMa de New-York. L’artiste était polyvalent et vous serez plongés dans tout son univers surréaliste où se mêlent des peintures mais aussi des bijoux, des sculptures, des films, des images d’archives, des photos et comme il le disait, vous pourrez « rentrer dans son cerveau ». Oeuvres de jeunesse, autoportrait, montres molles, hommage à sa muse Gala, ce sera « une initiation à la mystique dalinienne ». Au son des Pink Floyd, l’artiste se met lui-même en scène dans un kaléidoscope de formes éclatantes de mille nuances et les spectateurs se mettent à planer, troublés, émus, pris d’un vertige dans un monde étrange, presque surnaturel. Ce choix sonore est parfaitement adapté notamment pour accompagner la période méthode paranoïaque critique du peintre.
Le programme sur Antonio Gaudi est plus court (10 mn) mais les deux spectacles sont liés car Dali s’est beaucoup inspiré des œuvres de l’architecte, catalan comme lui. Rythme musical de Gershwin et voyage immersif entre rêve et réalité. Sous nos yeux, ses plus célèbres créations prennent vie : Parc Güel, Casa Batlló, Casa Milà, Sagrada Famìlia. Elles ont été qualifiées de fantasques et provocantes mais toujours défendues par Dali. Ce génie de l’architecture dont les bâtiments sont classés au Patrimoine mondial de l’UNESCO vous présente son langage unique et sans précédent. Grâce aux Carrières de Lumières, façades, mosaïques, modernisme catalan s’animent. Deux expositions à ne pas manquer, un lieu unique, une ambiance magique !
Le Petit Plus : Profitez de cette visite aux Carrières pour découvrir évidemment le village des Baux-de-Provence mais aussi Saint-Rémy, le site archéologique de Glanum et la Venise provençale L’isle-sur-la-Sorgue à quelques kilomètres.
Par Anne Emellina
